PAS DE NOM
PAS DE NOM
Non, frère d'outre-mer
Surtout pas de nom
Je ne suis pas Ie fils
Du vent et des nuages
Je suis Ie fils de la fange
De la fange sterile et rouge
Sables, montagnes et pierres
Je suis Ie fils de la terre
Maternelle
Silence, oubli, mépris
Je suis l'enfant des douleurs
Eternelles
Non, frère, je ne suis pas
Je ne suis plus
Le Seigneur du désert
Mais l'esclave
Des horizons nus
Rhissa Rhossey
« Jour et nuit, Sable et Sang « poèmes sahariens
Ed transbordeurs
LA PAIX AU NIGER ?
POÈME POUR CÉLÉBRER LA PAIX
Nigériens, mes freres
Quelle est donc cette brise
Qui souffle sur la terre
Du Moro Naba
Ce vent si frais qui souffle
Du pays des «hommes intègres»
Ce vent aux relents de paix ?
Oh patrie
Patrie aimée
Patrie mienne
Rectifie ta marche
Va droit sur le chemin
De la paix et de l' amour
A la haine, à la violence
Fais volte-face pour toujours
PAIX
PAIX sur toutes les faces de chagrins
Tant de vallées ont baigné dans le sang
Tant de koris où ne coulent plus
Que des larmes
Tant de morts sans nom .
Tant de haine dans les cœurs
Tant de chaines sans raison
Tant d'innocents dans Ies fournaises
Des prisons
Souviens-toi PATRIE
Oh PATRIE
Des fuites éperdues des familles traquées
Ah ! Les songes inachevés
Des nuits saturées de mensonges !
PAIX
Paix pour l'âme de mes morts
Pour les blessés dans leur corps
Pour les blessés dans leur cœur
Pour les mutilés
Pour les déportés
Pour les prisonniers
Pour les exilés
Pour les égarés
Pour tous, PAIX et espoir
Oh Patrie regarde
Regarde autour de toi
Ce monde sans loi
Ce monde qui brûle
Qui hurle, hurle, hurle
J'ai dit : Liberia
Taylor Ia mort t Taylor la torture!
Horreur !
Les Iongues files
Des orphelins et veuves qui enfilent
Les labyrinthes inhospitaliers des exils
J' ai dit : Burundi!
Ces frères qui s''cntre-déchirent
Rhissa Rhossey : "jour et Nuit, Sable et Sang", poèmes sahariens
Éditions Transbordeurs
Mon désert
«Chacun a son désert à traverser.
Il est tout à la fois le premier jour du monde et l'éternité de l'homme.
Ici, rien n'a changé.
Aujourd'hui, c'est comme il y a deux mille ans,
et demain sera encore comme aujourd'hui.»
LE NOMADE
Le nomade
Il est enturbanné de soleil / vêtu d'une robe de scorpions / chaussé d'épines / Il s'appuie sur la vipère fourchue / Il a domestiqué l'essuf / La mort s'écarte de son sentier
Devant lui les montagnes de feu s'effondrent / Derrière lui le tapis de la terre s'enroule
Son chemin est tracé par la soif / comme le jet ébloui de l'étoile filante / au-delà des abîmes / son appui murmure sans rêve / Toi crête de l'univers / sois cheville / et tête de la pyramide
Hier l'armée d'acier a brûlé sa tente / La sécheresse a balayé ses enclos
Sa femme est au puits / drapée de chiffons gris / grimaçante sinistre / visage enduit de cendres / tresses dénouées / veuve fantôme
Ses enfants plient genoux / dans les marécages du venin / Creux de la famine / Entraves de la misère / Couche galeuses / Couvertures de vermines
Pâturages champs clos / Tornades de fumées / Ses chemins s'entassent dans les filets cloutés / mis en cellule / boîtes de conserve
Le nomade entre dans la cité / pour acheter trois mesures de blé / Ceux qui vénèrent le béton / lui crachent au visage / lui jettent dans le dos / les os de ses moutons / Hurlements de la ville / Soit maudit nomade / renard voleur pillard traître / sauvage compagnon de l'araignée / frère du chameau
Il quitte le marché / pour les étoiles / indifférent exalté / il n'entend que le son de ses pas / poussière qui l'enveloppe / violon qui harmonise / en un seul son / le passé et le futur / boucle inondant l'instant présent
Au-delà de ce temps / il regarde / et accompagne le jet des âmes / qui débordent d'Inta / et l'aridité d'Abat / où l'existence devient mousse de lumière / dans l'océan des mirages miroirs
Il retourne à ses plaintes en chantant / mélodie de l'errance
A celui qui ne crache pas sur le déshonneur / demain les contraintes crèveront les yeux / Pour qui ne s'est pas délié / des chaînes de la servitude / les noeuds ne se démêleront pas / qui attachent la trousse des délices / de la graine étincelle
HAWAD Caravane de la soif (poèsies)