Balade pour un requiem
D’instinct je pressens ces tristes déboires qui font mes errances, mais je ne peux y remédier et voila que je marche seul dans ces ruelles sombres qui tels des gosiers sans fond, ne cessent de m’appeler. Je me sens aspiré par leurs horizons bouchés, ainsi va ma vie, alternance de levés de soleil et d’obscures crépuscules. Mes pas me mènent à chaque fois vers le même lieu, je suis le mendiant que vous ignorez, je suis le Mendiant Absolu.
Les lumières de ces villes sans nom que je traverse, ressemblent à s’y méprendre aux lunes de mes cauchemars, leurs iris blafards semblent me suivre, m’épier, mais tel le glaive vengeur, je pourfends, sans état d’âme, ces vestiges des vies passées. Je suis un Dandy de corps et d’esprit, noir comme le trou sans fond de mon être, lumineux comme le blanc immaculé des linceuls que je sème. Oui, me direz vous, et ou cela nous mène-t-il ?
La violence de mes actes, je l’assume, ce n’est pas par dépit, car voyez vous cette sinistre balade que je compose, sonne comme une mélodie à mes oreilles. Chaque épitaphe que j’insulfe est comme une poésie que je signe et disperse dans vos citées jusque-là endormies. Vous ne m’acclamez pas, faute de savoir, et cela est bien de votre faute ! Peut-être vais-je le rencontrer celui qui me verra enfin tel que je suis, mais ce n’est pas encore mon heure. Vos rues je les ai faites miennes, c’est mon Territoire, mon habitat naturel. Je suis le prédateur de vos solitudes, qui parsème vos cimetières des tombes de vos hontes. Je vous remercie, tous, de m’offrir ces joies sans nom. Sans vous je n’existerais pas, c’est vous qui m’avez créé, donné ma force. Je croise souvent vos regards, ils sont parfois joyeux mais souvent emplis de tristesse, n’attendez pas de moi de condescendance cela ne serait pas vous rendre service. Pour l’instant j’erre dans une ville de soleil, mais chaque soir je revêt mon habit de noirceur paré de mon plus bel apparat et c’est un faste que j’aime me permettre : “Cela vous convient-il ? peu m’importe car êtes-vous seulement capable d’apprécier cette étrange composition, instrument de mes errances ? Cette ville je la veux mienne, aussi dois-je la vêtir de mes souvenirs afin d’y trouver mes repères”.
Ce soir, je marche seul, navigant au milieu de votre flot continu, dans cette rue pavée de vos rumeurs. Je suis là, face à vous et vous ne comprenez pas un seul instant mes noirs desseins. Je l’aiguise cette lame ébréchée par tant de coups portés et à aucun moment vous n’appréhendez mes folles envies. C’est une étrange ressemblance que je dégage, malsaine accentuée par les lueurs jaunies de la citée. Tout en moi tremble, cette attente je ne peux la supporter :
“Quand vais-je enfin passer à l’acte ? Et si c’est le cas vais-je réussir où tant d’autres ont faillis ? Pourquoi ces doutes ? Ne suis-je pas le porteur de vos ires ?”
Et puis tout d’un coup elle est là, celle en qui je me retrouve, face à moi. Cela fait plusieurs fois que je la rencontre au détour de mes fuites nocturnes. Nos regards se sont déjà croisés, laissant leur trace impérissable sur nos fragiles atours et voila que je me perds dans le bleu azur de ses yeux, que les vallées délicates de ces fossettes me font oublier les sombres méandres de mes pensées incertaines. Que se passe-t-il ? J’ai comme une mélodie lancinante qui monte lentement, envahissant chaque parcelle de mon corps. D’inhabituelles sueurs perlent sur mon visage, comme habitées par une vie propre. Je ne connais pas cette étrange sensation, elle me fait peur. Pourtant, moi, l’inconnu de vos rues, n’ai je pas le contrôle de ma personne ? Elle me regarde, me souri, s’approche et me parle. Nos deux personnes se jouent de ces fantomatiques passants qui s’écartent et nous évitent. Voila qu’un lien est créé, fragile mais certain. Peut être la “corde” à laquelle je vais pouvoir me raccrocher, afin de ne pas sombrer dans mes affres, qui souvent me protègent. L’échange est simple, reposant, franc. Pas de passion, mais un sens aigu et partagé de ce qui fait nos deux personnes.
Et là, Le Mendiant que je suis, aperçois enfin son absolu. Et là, le Mendiant que je suis, vient enfin de trouver son absolu, pour un instant, un jour ou toute une vie, peu importe. Mes douleurs s’estompent, mes tourments sont oubliés ne restent plus de ces incertitudes passées qu’un goût amer que je m’en vais dissiper d’un verre partagé. Texte : Eric Imbault
Les lumières de ces villes sans nom que je traverse, ressemblent à s’y méprendre aux lunes de mes cauchemars, leurs iris blafards semblent me suivre, m’épier, mais tel le glaive vengeur, je pourfends, sans état d’âme, ces vestiges des vies passées. Je suis un Dandy de corps et d’esprit, noir comme le trou sans fond de mon être, lumineux comme le blanc immaculé des linceuls que je sème. Oui, me direz vous, et ou cela nous mène-t-il ?
La violence de mes actes, je l’assume, ce n’est pas par dépit, car voyez vous cette sinistre balade que je compose, sonne comme une mélodie à mes oreilles. Chaque épitaphe que j’insulfe est comme une poésie que je signe et disperse dans vos citées jusque-là endormies. Vous ne m’acclamez pas, faute de savoir, et cela est bien de votre faute ! Peut-être vais-je le rencontrer celui qui me verra enfin tel que je suis, mais ce n’est pas encore mon heure. Vos rues je les ai faites miennes, c’est mon Territoire, mon habitat naturel. Je suis le prédateur de vos solitudes, qui parsème vos cimetières des tombes de vos hontes. Je vous remercie, tous, de m’offrir ces joies sans nom. Sans vous je n’existerais pas, c’est vous qui m’avez créé, donné ma force. Je croise souvent vos regards, ils sont parfois joyeux mais souvent emplis de tristesse, n’attendez pas de moi de condescendance cela ne serait pas vous rendre service. Pour l’instant j’erre dans une ville de soleil, mais chaque soir je revêt mon habit de noirceur paré de mon plus bel apparat et c’est un faste que j’aime me permettre : “Cela vous convient-il ? peu m’importe car êtes-vous seulement capable d’apprécier cette étrange composition, instrument de mes errances ? Cette ville je la veux mienne, aussi dois-je la vêtir de mes souvenirs afin d’y trouver mes repères”.
Ce soir, je marche seul, navigant au milieu de votre flot continu, dans cette rue pavée de vos rumeurs. Je suis là, face à vous et vous ne comprenez pas un seul instant mes noirs desseins. Je l’aiguise cette lame ébréchée par tant de coups portés et à aucun moment vous n’appréhendez mes folles envies. C’est une étrange ressemblance que je dégage, malsaine accentuée par les lueurs jaunies de la citée. Tout en moi tremble, cette attente je ne peux la supporter :
“Quand vais-je enfin passer à l’acte ? Et si c’est le cas vais-je réussir où tant d’autres ont faillis ? Pourquoi ces doutes ? Ne suis-je pas le porteur de vos ires ?”
Et puis tout d’un coup elle est là, celle en qui je me retrouve, face à moi. Cela fait plusieurs fois que je la rencontre au détour de mes fuites nocturnes. Nos regards se sont déjà croisés, laissant leur trace impérissable sur nos fragiles atours et voila que je me perds dans le bleu azur de ses yeux, que les vallées délicates de ces fossettes me font oublier les sombres méandres de mes pensées incertaines. Que se passe-t-il ? J’ai comme une mélodie lancinante qui monte lentement, envahissant chaque parcelle de mon corps. D’inhabituelles sueurs perlent sur mon visage, comme habitées par une vie propre. Je ne connais pas cette étrange sensation, elle me fait peur. Pourtant, moi, l’inconnu de vos rues, n’ai je pas le contrôle de ma personne ? Elle me regarde, me souri, s’approche et me parle. Nos deux personnes se jouent de ces fantomatiques passants qui s’écartent et nous évitent. Voila qu’un lien est créé, fragile mais certain. Peut être la “corde” à laquelle je vais pouvoir me raccrocher, afin de ne pas sombrer dans mes affres, qui souvent me protègent. L’échange est simple, reposant, franc. Pas de passion, mais un sens aigu et partagé de ce qui fait nos deux personnes.
Et là, Le Mendiant que je suis, aperçois enfin son absolu. Et là, le Mendiant que je suis, vient enfin de trouver son absolu, pour un instant, un jour ou toute une vie, peu importe. Mes douleurs s’estompent, mes tourments sont oubliés ne restent plus de ces incertitudes passées qu’un goût amer que je m’en vais dissiper d’un verre partagé. Texte : Eric Imbault