Zaia Expo

Elle sentit son cœur cogner très fort dans sa poitrine, à un rythme d’épopée sauvage jusqu’à l’entendre crier « au secours ouvrez ! Sortez-moi de là !» Sans être bien finaude, elle en conclut que ce grand boum venait de l’appartement du dessus où vivait Madame Pistou, propriétaire. Heureusement d’ailleurs que la « voisine du dessus » n’était pas celle « d’en dessous » avec qui Bénédicte dit Béné, était entrée en conflit dès son arrivée dans l’immeuble pour une histoire futile de mot laissé dans l’ascenseur… Bref, c’était définitivement pour elle une « emmerdeuse de premier choix » Enfin c’est ce qu’elle disait de plus fleuri à qui voulait bien l’entendre et de qui elle attendait l’approbation voire la surenchère qui n’arrivaient jamais. Non, décidément, il était plus heureux à Bénédicte dit Béné, d’offrir son aide à la voisine du dessus qui, elle, ne l’avait jamais contrariée et qui de surcroit n’était pas avare de compliments à son égard « Vous avez une tête à chapeau, ça vous met les yeux en valeur » ; « Vous sentez bon, c’est quoi votre parfum ? », « C’est joli cette petite cotonnade ça vous va bien, …. » Le calme revenu, elle avisa un verre qui trainait sur sa table en Dekton pour se servir un petit remontant sans shaker mais tonique et servi à la cuillère (recette familiale tenue jalousement secrète et terriblement efficace). Apaisée, Bénédicte dit Béné, se demanda ce qu’elle devait faire, intervenir ou pas ? Sa voisine vivait seule avec son petit caniche nain, mais d’un autre côté elle avait pour principe de ne pas s’enticher des problèmes des autres tant qu’elle n’avait pas résolu les siens. Piquée tout de même par une curiosité irrépressible, Bénédicte dit Béné, sonna chez Madame Pistou qui, malgré une sonnette insistante, ne répondait pas. Elle avait encore l’oreille collée à la porte, à l’affût du moindre signe de vie, quand Monsieur Viton, le sportif du dernier étage, descendit à toute allure l’escalier. Il ralentit à sa hauteur, l’air surpris, suspicieux et réprobateur. Bénédicte dit Béné, n’eut pas le temps de se justifier qu’il était déjà dehors. La porte s’ouvrit enfin. Madame Pistou qui venait de sortir des toilettes se trouva face à une Bénédicte dit Béné, confondue en excuses qui tenta de lui formuler son sujet d’inquiétude. Mais la porte lui claqua au nez dans un « Ah non ! On peut pas être tranquille chez soi, mais de quoi je me mêle !» Madame Pistou excédée semblait manifestement au bout du rouleau. Elle, qui ne l’avait jamais encore contrariée, venait de franchir les limites de ce qu’elle était capable de supporter. Elle la rayerait définitivement de ses bonjours, ne lui tiendrait plus jamais la porte de l’ascenseur et la laisserait végéter dans le long tunnel de ses problèmes non résolus… Bénédicte dit Béné, ne sut jamais l’origine de ce bruit infernal et retourna à son argenterie qu’elle n’aurait jamais dû quitter, enfin c’est ce qu’elle fulminait en saisissant un nouveau couteau, la mâchoire serrée et le sourcil grave, donnant l’image haineuse d’un futur homicide. Nous étions en mai, le lendemain c’était la Fête des Voisins.

C.M.Gay

Bonjour Zaïa, ce que dit Andromaque, je vous l'ai aussi suggéré !!! Parce que vraiment, vous êtes très douée et vous avez toutes vos chances !!! Bravo et merci !