
Sous la coupe d'un chefaillon
Sous la coupe d’un chefaillon //Chapeautée jusqu’aux oreilles, la silhouette longiligne s’avançait dans la nuit, le pas pressé pour éviter la pluie qui, d’après quelques signes, ne manquerait pas de tomber, du moins le croyait-il. Il n’y avait pas d’étoiles, juste un quartier de lune qui semblait défier un pâle réverbère. Le miaulement d’un chat de gouttière interrompit le silence, moment d’angoisse éphémère.
Artiste : Zaia Expo | Voir ses œuvres | peinture | Visite : 63
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Commentaires
Zaia Expo
Claude était seul et ses pensées ruminantes ne le quittaient plus. Il fulminait sa rage. Il fallait qu’il lui apprenne le respect à ce « chefaillon de mes deux» tout maigrelet, à la tête de petit rongeur, animé par deux yeux laser cerclés de lunettes rondes à qui rien n’échappait. Obséquieux devant sa hiérarchie mais combien zélé devant « sa team ». Ha « sa team », anglicisme avec lequel il se gargarisait plusieurs fois par jour comme un bonbon sucré, « sa team », victime d’une tyrannie managériale oppressante, « sa team » sur qui il exerçait sa devise « la confiance n’exclut pas le contrôle ». « La confiance n’exclut pas le contrôle », « la confiance n’exclut pas le contrôle », … Ce mantra planait comme une ombre au-dessus de l’épaule des membres de la team qui limitait forcément les initiatives audacieuses et les empêchait de briller. Normal, il n’y avait qu’une vérité, qu’une façon de faire, qu’un seul chemin obsessionnel. Faussement convivial, ce chef sans envergure, apportait tous les matins à cette équipe, inhibée et aux ordres, des chouquettes à prendre avec le café de 10 heures, convocation prétexte à faire un point quotidien. Il n'en pouvait plus de "ces chouquettes à la con" le Claude, il allait lui "faire bouffer une bonne fois pour toutes". Cloué au pilori de sa détermination, il fallait qu’il trouve enfin le courage de lui dire ses quatre vérités à ce minus, le stopper net dans ses humiliations. C’était urgent, c’était vital. Finis les affronts, les réflexions vexatoires faites devant témoins, muets de consternation et de peur, assujettis eux-aussi à son autorité cynique et jubilatoire. A mesure que le sort s’abattait sur ce pauvre Claude, il lui semblait qu’il passait de l’état solide à l’état liquide comme un glaçon qui finit en flaque d’eau avant de s’évaporer définitivement. Aujourd’hui la coupe était plus que pleine, il fallait qu’il sauve sa peau coûte que coûte. Sans le savoir ce responsable à tous égards avait réveillé la bête qui sommeillait en lui et dont il ignorait l'existence. On ne devrait jamais laisser le pouvoir aux esprits étriqués, noyés dans leur costume de trop grand pour eux, qui n’ont comme hauteur de vue que les deux marches inespérées de leur piédestal. Ils créent le chao en toute légalité et finissent par tout perdre en voulant tout gagner. Claude avait mué, il avait cette nuit-là quitté sa peau d’homme résigné, brisé les chaines de la soumission. Libre dans sa tête, libre dans son cœur, libre, libre, libre. C’était pour lui le début d’une nouvelle ère. Z. :-)
jean paul lozach
Bonjour Zaia ! " seul dans la rue " il rode comme une âme en peine ! bonne fin de journée Zaia ! bises !
Fefee
Soit il a démissionné soit il a fait la fête.... à son chef ! Bravo Zaia pour le dessin et le texte associé
PINEL Gérard
Bravo Zaia pour ce dessin.
LOU_CHI
Tout le poids du monde sur ses épaules ! Ecrasant ! Bonne soirée Zaia Expo!
MCuad
Superbe comme toujours:)
Zaia Expo
Merci pour vos visites et vos commentaires :-)